Objectif Macro :
L'art de sublimer la photo culinaire
En septembre dernier, la photographe culinaire Caroline Bourgeois a eu l'opportunité de tester le nouvel objectif photo macro Tamron 90mm, lors de plusieurs shootings professionnels. Dans cette interview, elle revient sur son expérience avec cette optique mais aussi sur son parcours et les éléments qui l’aide à sublimer les plats et autres savoureuses pâtisserie.

Votre parcours est fascinant ! Qu'est-ce qui vous a conduit à la photo culinaire après des expériences en graphisme et en pâtisserie ?
Tout a commencé durant mes études en communication visuelle à l'école Olivier de Serres, où ma passion pour l'image s'est développée, certainement influencée par mon père, réalisateur de documentaires. Le déclic s'est produit lors d'un concours d'affiche pour Le Café du Commerce, où avec une amie, nous avons créé une affiche littéralement comestible en sérigraphiant des feuilles d'azyme. Ce projet a marqué un tournant décisif : j'ai décidé que tous mes futurs projets devraient être 'mangeables'.
Cette fusion entre création visuelle et cuisine m'a menée à créer 'GOÛTE MOI ÇA !', puis 'l'Atelier Caroline'. Déjà à l'époque, mon appareil photo reflex était un outil aussi indispensable que mes ustensiles de cuisine - il me permettait de documenter et de pérenniser mes créations éphémères. Mon passage aux cuisines de l'Assemblée Nationale comme pâtissière-chocolatière a enrichi ma vision artistique, tandis que les collaborations avec des agences de publicité m'ont permis de découvrir les coulisses du stylisme culinaire.
Comment travaillez-vous avec vos clients pour mettre en valeur leurs créations ?
Ce qui me passionne le plus dans la photographie culinaire, c'est cette opportunité unique de fusionner l'art visuel avec l'art culinaire. Chaque projet est un nouveau défi créatif où je peux mettre à profit l'ensemble de mes expériences : mon œil de graphiste pour la composition, mon expertise de pâtissière pour comprendre le produit, et ma sensibilité photographique pour capturer l'instant parfait.
Dans mon studio, installé dans une ancienne usine textile à Lille, je travaille main dans la main avec mes clients pour créer des images qui racontent leur histoire et renforcent leur identité de marque. Que ce soit pour des guidelines food & beverage pour Louis Vuitton ou des photos de pâtisseries pour Meert, chaque projet bénéficie d'une approche sur-mesure. Mon objectif est toujours le même : créer des images qui non seulement mettent en valeur le produit, mais suscitent aussi une véritable émotion chez celui qui les regarde.

Client : Louis Vuitton - Tamronn 90mm + Sony A7IV - ISO 50 1/160 F/9
La magie des coulisses : comment se déroule un shooting culinaire ?
Un shooting culinaire est comme une chorégraphie minutieusement orchestrée. Tout commence bien en amont avec la création d'un moodboard détaillé, validé avec le client. Cette étape est cruciale car nous y définissons tous les aspects : direction artistique, gamme colorée, éclairages, décors, stylisme, dressage des plats, accessoires et composition. Cette préparation méticuleuse nous permet ensuite de nous concentrer pleinement sur l'essentiel pendant le shooting.
Avec mon assistante Aurélie, nous élaborons ensuite un dossier de production ultra-précis. Chaque détail est anticipé : planning des préparations, listes d'achats, timing de fabrication des décors, et surtout, un minutage très strict pour chaque plat. Cette organisation militaire est essentielle car en photo culinaire, le temps est notre principal défi : un plat doit être photographié au moment exact où il est le plus appétissant !
Pour la mise en scène, j'aborde chaque sujet comme une scène de théâtre. Je considère que chaque plat a sa propre histoire à raconter, son émotion à transmettre. La couleur joue un rôle central dans ma démarche - c'est un puissant vecteur d'émotions que j'utilise pour créer des ambiances et susciter des sensations précises.
Et côté matériel ?
Côté équipement, je travaille avec un Sony Alpha 7IV comme boîtier principal, accompagné d'une sélection d'objectifs complémentaires : un zoom transtandard pour la polyvalence, un 50mm fixe pour sa luminosité, et un 90mm macro pour les détails. Bien que j'apprécie la lumière naturelle pour certains projets spécifiques, je privilégie généralement le flash en studio. Cela me donne un contrôle total sur la lumière et me permet de sculpter précisément les volumes et les textures, indépendamment des conditions extérieures. Cette maîtrise technique est essentielle pour garantir des résultats constants et professionnels à mes clients.

Qu'avez-vous pensé du Tamron 90mm MACRO ? Sur quels projets l'avez-vous utilisé ?
Ma première rencontre avec le nouveau TAMRON 90mm macro a été une très belle surprise ! Ce qui m'a immédiatement séduite, c'est sa légèreté - un critère particulièrement important dans mon métier. Que ce soit en studio ou en déplacement chez les clients, cette légèreté offre une vraie liberté de mouvement et un confort d'utilisation appréciable au quotidien.
Sa très courte distance de mise au point est un véritable atout en photographie culinaire. Dans mon domaine, nous travaillons essentiellement sur des natures mortes où le moindre détail compte. Cet objectif me permet de capturer avec précision ces petits éléments qui font toute la différence : une goutte d'eau sur une fraise, la texture d'une ganache, le croustillant d'une pâtisserie... Son diaphragme à 12 lamelles offre un bokeh particulièrement doux et harmonieux, qui permet de guider subtilement le regard vers les éléments clés de l'image.
J'ai eu l'opportunité de tester cet objectif sur plusieurs projets prestigieux, notamment pour Louis Vuitton. Ma mission était de créer des guidelines pour un événement VIP, incluant des photos macro détaillées de pièces cocktail haut de gamme.
J’ai pu tester l’optique sur d'autres projets variés, comme des publicités pour Kit-Kat ou des compositions graphiques pour la campagne Octobre Rose de la Maison Meert. Dans chaque situation, la prise en main a été intuitive et naturelle, me permettant de me concentrer pleinement sur l'aspect créatif de mon travail plutôt que sur la technique.
Pourquoi un objectif macro 1 :1 est-il un outil clé pour les photographes culinaires comme vous ?
Le rapport 1:1 en photographie macro est un véritable atout dans mon travail de photographe culinaire. Concrètement, cela signifie que je peux photographier un sujet à sa taille réelle sur le capteur, ce qui est essentiel pour plusieurs raisons.
Premièrement, cela me permet de révéler des détails que l'œil nu ne perçoit pas toujours : la texture délicate d'une mousse, les bulles d'un champagne, les cristaux de sucre sur une pâtisserie, ou encore les nervures d'une feuille d'herbe aromatique. Ces détails microscopiques sont ce qui rend une photo vraiment captivante et qui fait saliver.
Deuxièmement, dans mon métier, nous devons souvent mettre en valeur de très petits éléments, comme des mignardises ou des amuse-bouches. Le rapport 1:1 me permet de magnifier ces petites créations en capturant toute leur finesse et leur complexité. C'est particulièrement important pour les projets haut de gamme, où chaque détail compte dans la perception du luxe et de la qualité.
Un objectif macro est donc un outil indispensable dans ma boîte à outils de photographe culinaire. Il me permet non seulement de capturer des détails techniques essentiels pour mes clients, mais aussi de créer une véritable narration visuelle autour de leurs créations. C'est la différence entre une simple photo de nourriture et une image qui raconte une histoire et suscite une émotion.

Pouvez-vous nous en dire plus sur une image spéciale à vos yeux ?
Si je devais choisir une seule image, je choisirai la Bouchée Louis Vuitton réalisée avec la technique du focus Stacking. Cette photo n'a pas été réalisée dans un but commercial mais plutôt dans une démarche expérimentale. La technique du focus stacking utilisée ici permet d'obtenir une profondeur de champ exceptionnelle, impossible à réaliser en une seule prise.
Pour réaliser cette image, j'ai travaillé avec une ouverture de f/2.8, la plus courte possible sur cet objectif, en mode manuel. Le processus consiste à prendre une série de photos en déplaçant progressivement le point de mise au point, du premier plan jusqu'à l'arrière de la bouchée. L'utilisation du focus peaking (l'affichage en rouge des zones nettes) sur mon boîtier m'a permis de visualiser précisément les zones de netteté pour chaque cliché, garantissant ainsi une couverture complète du sujet.
Une quinzaine de photos ont été nécessaires pour cette composition. Le traitement dans Photoshop consiste ensuite à empiler ces images en calques et à utiliser un algorithme qui compile automatiquement les zones les plus nettes de chaque photo. Le résultat final offre une netteté impressionnante sur toute la profondeur du sujet, tout en conservant un magnifique bokeh en arrière-plan.