Se lancer dans l'astrophotograhie

L'astrophotographie et plus particulièrement la photo du ciel profond est un domaine particulièrement fascinant qui peut parfois effrayer les débutants de part sa complexité. En effet cette pratique ne s'improvise pas et nécessite rigueur, patience et un équipement spécifique. Nous sommes allé à la rencontre du photographe Bastian Werner qui nous a livré ses précieux conseils.

En astrophotographie, les structures intéressantes dans le ciel étoilé sont appelées « Target » ou « objet celeste » en français. Ces objets sont étendus à différentes tailles. En réalité, il n’existe que des nébuleuses, des galaxies et des étoiles. La nébuleuse est une poussière composée de particules élémentaires, principalement de l'hydrogène, dont la lueur est stimulée par les étoiles ou par leur propre énergie. Les nébuleuses sont toujours présentes dans notre Voie Lactée. Les galaxies lointaines sont elles-mêmes des amas d’étoiles et de poussière. À cela s’ajoutent la Lune, le Soleil et nos planètes. La seule galaxie qui peut être bien photographiée avec des objectifs conventionnels est la galaxie d'Andromède (photo ci-contre). Pour toutes les autres galaxies, des distances focales supérieures à 1 000 mm sont nécessaires.

Toutefois, il y a suffisamment de choses à photographier dans notre ciel nocturne pour une plage focale allant jusqu'à 500 mm. Cela peut prendre quelques années d'astrophotographie avant d'avoir fait le tour du sujet. Par la suite, après quelques temps de pratique, cela valait la peine d’acheter du matériel supplémentaire. La photographie du ciel est plus facile à réaliser avec des objectifs ordinaires qu'avec des télescopes.

Le logiciel gratuit de Stellarium.org est idéal pour rechercher des objets dans le ciel nocturne. L'application Stellarium pour smartphone est indispensable pour s'orienter la nuit dans le ciel étoilé sombre et lors de la configuration du dispositif de suivi. L'angle de vue et donc la distance focale peuvent être réglés dans l'application. Cela permet de vérifier facilement la taille de chaque objet sur la photo.

La meilleure façon de retrouver les objets les plus courants est de faire une recherche sur Google, car ils ont tous déjà été photographiés. Des termes de recherche tels que « cibles d'astrophotographie en été » révèlent les objets les plus simples et faciles à photographier pour les débutants.

La plupart des derniers objectifs Tamron permettent l'utilisation de l'application Tamron Lens Utility V3.0. Cette application est particulièrement intéressante pour pratiquer l'astrophoto puisqu'elle permet en un clic de verrouiller la mise au point à l'infini. En effet avec la fonction Astro FC-L, la mise au point est décalée à l'infini et le fonctionnement de la bague de mise au point est désactivé (verrouillé). Le verrouillage de la bague de mise au point empêche la mise au point de glisser lors d'un mouvement involontaire par exemple.

La photographie du ciel profond n’est pas possible sans suivi. Quiconque a déjà photographié des étoiles sait que si les temps de pose sont trop longs, les étoiles se transforment en stries. La cause est la rotation de la Terre. Pour éviter cela, un suivi est nécessaire. Un appareil qui fait tourner la caméra à la même vitesse que la Terre. De cette façon, le ciel étoilé sur la photo reste clair et les étoiles sont de forme circulaire. Un bon dispositif de suivi pouvant être utilisé pour prendre des photos jusqu'à 500 mm coûte à peu près autant qu'un objectif.

Le suivi doit être aligné parallèlement à l’axe de rotation de la Terre. Chaque dispositif de suivi a ses propres instructions et petits accessoires pour faciliter la mise en place, comme par exemple un viseur polaire. Le viseur polaire est généralement un petit télescope placé dans un support prévu à cet effet sur le tracker. Des systèmes plus professionnels peuvent accueillir de petites caméras dont le seul but est de s'aligner sur l'axe de rotation de la Terre. Cependant, un ordinateur portable est également nécessaire pour cela. Pour commencer, nous recommandons le viseur polaire.

L'hydrogène est l'élément le plus répandu dans l'espace. La majorité des nébuleuses brillent en rouge ; c'est ce qu'on appelle la ligne H-alpha. Cette ligne de couleur rouge fait déjà partie de la lumière infrarouge et est filtrée par le filtre anti-IR devant le capteur d'image et est donc à peine visible. Cependant, certaines cibles brillent également vivement à la lumière visible et peuvent être photographiées avec un appareil photo normal. Il est donc logique de photographier d’abord ces objets, puis d’acheter ensuite un appareil photo astro-modifié. L'appareil photo astro-modifiée doit bien sûr avoir la même monture que l'appareil ordinaire. Il suffit d'acheter un ancien modèle d'occasion et de le faire transformer. Il n'est pas important d'acquérir le capteur le plus récent, car au lieu de performances ISO élevées, on privilégie des temps d'exposition longs. De plus, le bruit est éliminé grâce aux images sombres. Lors de l'astromodification, le filtre anti-IR devant le capteur d'image est retiré ; l'appareil photo ne peut alors plus être utilisé pour la photographie normale !

Pour photographier le ciel profond et obtenir des images claires et précises, il est nécessaire de combiner ses images brutes aux "DOF" : Dark, Offset et Flat.

Les images brutes sont les photos qui sont la photo réelle de l'objet. La lumière est collectée. En plus de la lumière réelle qui traverse l'objectif et atteint le capteur d'image, les images brutes contiennent également du bruit. La lumière des objets dans le ciel nocturne est si faible qu’elle peut difficilement être distinguée du bruit de l’image. 

Les Dark sont des images noires nécessaires pour distinguer le bruit de ce que l’on souhaite voir sur la photo. Ces photos sont prises avec le capuchon de l'objectif fermé avec exactement les mêmes réglages que les images brutes. En fait, ces photos semblent parfaitement noires. Or, ce n’est pas le cas car le bruit de l’image est toujours présent. À l'aide d'un logiciel informatique, vous soustrayez le bruit de l'image Dark à l'image brute. Ce qui reste est le signal réel de l’objet du ciel profond photographié.

Il existe également les images Offset. Si une photo est lue depuis le capteur et numérisée, ce processus présente une certaine imprécision et génère également un léger bruit, propre à chaque capteur. Les images Offset sont enregistrées avec le temps d'exposition le plus court de la caméra avec par ailleurs les mêmes paramètres que les images brutes. La compilation des images Offset permet également d'éliminer le bruit de l'image.

Les images Flat sont photographiées, par exemple, avec une feuille de papier blanche ou une vitre en verre dépoli devant l'objectif. Le résultat est une photo grise qui n’a aucun contenu à l’exception du vignettage spécifique à l’objectif. Les images flat corrigent le vignettage de la photo brute du ciel profond.